MONTFORT, le pédagogue qui veut garder les fruits de la mission (no 11)

On peut ramener la théorie de l’éducation de Montfort à quatre principes généraux :

1er : une éducation dont la fin première est la gloire de Dieu et le salut des âmes;

2: une éducation où l’enfant est aimé comme fils de Dieu;

3: une éducation donnée aux pauvres de Jésus-Christ;

4: une éducation où règnent l’ordre et le silence en vue d’un meilleur apprentissage.

 

Pour Montfort, la fin principale de l’école est la gloire de Dieu et l’apprentissage de la vie chrétienne. Montfort pensait que « Les écoles étaient les pépinières de l’Église; que c’était là que les enfants, comme de tendres arbrisseaux, ayant été taillés et cultivés avec soin devenaient par la suite propres à porter de bons fruits ». [17] L’organisation de son enseignement porte la marque de ces préoccupations. La journée comprenait deux demi-heures de catéchisme, l’une l’avant-midi et l’autre l’après-midi; puis il y avait l’offrande de la journée avant les cours, la mémorisation des prières, la récitation journalière du chapelet et l’assistance à la messe. Pour Montfort, l'école est un moyen privilégié d’évangélisation.

 

En deuxième lieu, Montfort aime profondément les jeunes et les enfants, à la suite de Jésus, qui a ordonné aux apôtres de les laisser venir à Lui. Sa passion pour catéchiser les pauvres découle de l’amour brûlant de Jésus.  «Je sens de grands désirs de faire aimer Notre-Seigneur et sa Sainte Mère, d’aller… faire le catéchisme aux pauvres ». [18] Des désirs semblables se retrouvent dans plusieurs de ses lettres. [19] Certains versets de ses nombreux cantiques nous révèlent cet amour : « Il ne faut pas qu’on s’étonne, si j’aime mon prochain, tout est grand en sa personne, Son rachat est tout divin ». [20] La clé de cet amour, il nous la livre au verset 16 du cantique 14 : « Comment n’aimer pas le prochain? C’est un vif portrait de Dieu même, C’est un chef-d’œuvre de sa main, C’est un ami que son cœur aime, C’est le Frère de Jésus-Christ, C’est le temple du Saint-Esprit ». Les cantiques 45, 148 et 158 nous rappellent les aspects dynamiques de cet amour : il peut tout faire [C.158/6]; avec lui le joug est doux et le fardeau léger [C.148/10]; il facilite toute chose [C.45/29]. Cet amour et cette charité envers le prochain, Montfort les inculque à ses épigones. Dans ses Règles de 1715, relatives aux maîtresses d’école, il leur ordonnera d’avoir beaucoup de charité et de douceur, excluant toute dureté qui ferme les cœurs.

 

En troisième lieu, Montfort a un parti pris pour les pauvres et il veut des écoles charitables et gratuites pour les accueillir et leur en favoriser l’accessibilité. Des maîtres, il exigera « qu’ils ne demandent jamais quoique ce soit directement ou indirectement, aux enfants ou aux parents, en fait d’argent ou de présents quelconques. » [21] L’infraction à cette règle amenait l’exclusion du maître selon le biographe Le Crom.

 

Enfin, le dernier trait de la théorie de l’éduction de Montfort rappelle l’importance de l’ordre et du silence. Pour assurer une bonne éducation, il faut un minimum d’organisation et d’ordre. Dans ce but, il établit les règlements des classes, les conditions d’admission, l’horaire des cours, le programme d’études et de piété ainsi que la liste des récompenses et punitions. Le prudent missionnaire entre dans les plus petits détails, comme si, toute sa vie, il eût été employé à gouverner des enfants, affirme Clorivière. Dans sa règle aux Filles de la Sagesse, Montfort consacre un chapitre aux écoles charitables, insistant sur la nécessité de l’ordre et du silence pour atteindre la fin de l’éducation, c’est-à-dire la gloire de Dieu. « Il faut absolument que l’ordre et le silence soient bien établis en ces écoles, autrement elles deviendraient une occasion de péché, et aux enfants et aux maîtresses » [22]. Puis il ajoute : « Afin que l’ordre de Dieu y soit gardé, il faut régler les maîtres qui doivent faire l’école et les enfants qu’on y reçoit… » [23] On comprendra mieux l’importance de cette consigne si l’on se rappelle qu’à l’époque, une classe pouvait compter entre cent et deux cents élèves.

 

RÉFLEXIONS

 

Trois interrogations reliées aux assises de l’éducation montfortaine :

*Ma priorité est-elle toujours : pour la gloire de Dieu et le salut des âmes?

*Les jeunes sont-ils pour moi fils de Dieu?

*Comment se manifeste ma prière pour les pauvres?





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